Le travail de Robin Vokaer trouve son origine dans des éclats de découpe de pierre bleue abandonnés qu’il prélève dans une carrière. Pour assembler ces fragments en une forme, il part d’une matrice lisse en polymère dont il exécute un moule à pièces – six éléments à l’intérieur desquels il colle les éclats par leurs extrémités, laissant des apories. L’agrégat est dégagé des coques, les ouvertures sont libérées de la colle, les éléments sont assemblés. Le puzzle suggère un caillou, un « galet » massif mais creux. La forme est composite bien qu’unitaire, c’est une somme de semblables différents, inégaux, qui combine les chocs de multiples brisures. Cet aspect chaotique évoque les ressacs d’une eau agitée plus que l’effort constant qui polit le minéral en son état naturel. L’ensemble est lourd mais relativement fragile, ajouré par une constellation de manques sur un vide d’autant plus sombre qu’on voit la lumière au travers. En nombre et à distance ces reconstitutions tendent vers la plénitude associée à la sensation du minéral en son temps d’errance au gré des flots et des vents. De près elles accumulent les paradoxes qui opposent le plein au vide, l’obscur au lumineux, le calme au trouble, le massif à la faiblesse : des paradoxes existentiels somme toute, qui sont aussi les contrastes qui servent la création artistique. Extrait du texte de Goerges Meurant. Version intégrale disponible sur www.robinvokaer.com