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Maurice Sylvie

Vit et travaille à Civrieux en Dombe Née en 1952 à Champagne-au-Mont-d’Or. Les regards de plaisir, les commentaires chargés de superlatifs des enfants de l’École Primaire de Malaucène, ont forcé mon œil d’amateur d’art blasé par la pratique et l’habitude à une relecture du travail de Sylvie Maurice. Par quel tour de magie a-t-elle pu transformer ces petites brutes braillardes et vindicatives en petits couillons béats, les yeux chargés de lumière, emplir l’espace de bonheur, ce bonheur fugace dû aux grandes occasions, instants gravés au plus profond de nos esprits. ? Quelque soit leur poids, les sculptures de Sylvie sont des météorites qui atterrissent dans une infinie douceur, elles ont le don particulier de se rendre attirantes et interroger notre part sentimentale, résultat d’une science exacte qui a peur de ses certitudes. En restituant des images invisibles à l’œil nu, des images qui ne se laissent saisir qu’à leur périphérie, elle prend appui sur un réseau de résonances scientifiques et échappe à son apesanteur. L’extrême pertinence du rapprochement à la nature produit un dessin spatial qui révèle la poétique de l’intervalle. Le fil de fer, le papier japon, la résine, les mues, pollens, nasses et carapaces tracées par des gestes naïfs empruntés à l’artisanat, faits de matériaux simples se transforment en graphismes savants et subtils, scientifiques dans la forme, dessin d’un espace à peine délimité enrichi par la lumière révèle en nous une impression de bonheur enfantin, celui qui est toujours pour demain, actualisé par le vertige de ces forces en suspension. Nous pourrions avancer que Sylvie Maurice est Pénélope, se questionner si (s)tressant ses fils de fer elle se soigne ou se fatigue. Nous pourrions penser à l’ennui, un labeur fastidieux venant de la pratique, mais le travail de Sylvie M. nous emmène ailleurs, un endroit qui fait le vide dans nos têtes. Nous nous laissons aller à reconstruire, déstabiliser, se réapproprier l’œuvre, les images subliminales érotisées par notre esprit. La richesse d’une œuvre ne se mesure pas par le temps passé à son élaboration, mais par son impact dans la durée, ses charges émotionnelles, sa manière de se rendre indispensable, par la distance qui la rend respectables, recul dérangeant, arrogant qui la sépare du plus grand nombre. La possible lecture à deux vitesses comble les manques de cette mise à distance, il n’y a rien de plus perturbant que de se retrouver face à des situations qui ne nous laissent aucun échappatoire. Prise dans son ensemble, qu’elle soit gravée ou sculptée, l’œuvre de Sylvie se lit comme un collage que l’on peut lier par les synonymes émotionnels suivants : choc, bouleversement, émoi, sensibilité, sentiment, trouble, vertige ? Alors laissons-nous embarquer dans ce monde contradictoire poético-scientifique. Michel Barjol - juillet 2006 (Catalogue St Fons)

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