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Chitarrini Philippe

1969 Formation scientifique à l’Université de Grenoble - Maîtrise d’Arts Plastiques et d’Histoire de l’Art - DEA Lettres et Arts à l’Université (U1) des Sciences Humaines d’Aix-en-Provence. École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence. Enseignant en pratique et histoire de l’art. Pour résumer en quelques lignes mon travail de plasticien, je dirais que je suis un photographe pour qui la photographie n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Toute mon activité artistique part de la photo. Je suis un boulimique d’images. Et j’aime à rechercher et mettre en évidence ce que normalement on ne voit pas dans, ces images. Je suis un photographe qui photographie pour dessiner, qui photographie pour peindre et qui photographie pour sculpter. Mes sculptures sont avant tout pour moi la mise en volume de formes et de motifs plans, sans distorsion ni artifice. Des morceaux de réalité tangible qui s’inscrivent dans une matérialité concrète, dépourvue de tout illusion. En appliquant les techniques similaires à celles utilisées dans l’industrie, mes sculptures traitent des interrelations qui existent entre le monde matériel et le design. Les formes organiques associées à des surfaces lisses et impersonnelles combinent les aspects de la peinture et de la sculpture. CATALOGUES ET TEXTES: Yellow Pages, John Armleder, Genêve, 2004 Les Nouveaux Collectionneurs, Marseille Galerie du Passage de l’Art, Marseille (deux numéros) Le bout des bordes N°11, 12, 13 et 14, Acte Sud Supérieur inconnu, numéro spécial, Sarane Alexandrian, Paris Le JSO, J-C Le Gouic, Marseille Catalogue 2014 du festival international d’art contemporain Alpilles Provence (a-part) Philippe Chitarrini : Memory Land - Collection Le Cube - Catalogue monographique - 2014 Le motif déjà là, Si nous devions résumer en une seule phrase la démarche artistique de Philippe Chitarrini, nous pourrions affirmer qu’il produit un art qui parle de l’art, de son histoire et de ses représentants. Sans rien avoir d’anachronique, il développe ce travail en marge des grands styles internationaux. Il est symptomatique qu’au début des années 2000, ses peintures de motifs organiques aux couleurs vives et aux formes épurées, réalisées à partir d’empreintes d’artistes contemporains, aient été successivement incluses dans le cadre d’expositions consacrées au pop art et à la peinture abstraite. Elles auraient pu, comme ses oeuvres ultérieures d’ailleurs, trouver leur place dans des expositions consacrées à l’art conceptuel ou au minimalisme. Pourtant, leur irréductible indépendance vis-à-vis de ces mouvements est tout aussi manifeste que leur proximité. Au début des années 90, Philippe Chitarrini travaille pour la presse en tant que photographe. Cette expérience qui le confronte à la production d’images, à leur procédé de reproduction, à leur sélection, ainsi qu’à leur diffusion, va considérablement influencer sa pratique artistique. L’ensemble de son travail va alors devenir dépendant de l’image photographique qu’il va utiliser comme point de départ, en reprenant ses codes et ses principes (recadrages, agrandissements...). Ses premières oeuvres vont d’emblée soulever la problématique de la perception du motif liée à la perte progressive des repères figuratifs de l’image. Philippe Chitarrini travaille à une peinture abstraite et froide qui témoigne de son intérêt pour la peinture américaine, mais aussi pour la figuration narrative. Lors de cette longue expérience au sein du journal, de 1993 à 1995, il développe presque par hasard une méthode qui déterminera l’ensemble de son oeuvre jusqu’à aujourd’hui. Il commence à reproduire sur papier ou toile de grand format, des motifs démesurément agrandis de fragments d’oeuvres d’art ou d’images de presse. Grilles, motifs floraux, formes organiques, empreintes, caractérisent ces motifs. La technique, méticuleuse, utilisée pour la reproduction des motifs, aussi exacte et neutre que possible, exige beaucoup de temps, de concentration et de patience, mais a l’avantage de libérer l’artiste de la nécessité de puiser son inspiration dans un espace mental émotionnel clos. Dès lors, Philippe Chitarrini se tiendra à cette position : Observer et trouver dans son expérience quotidienne du monde et de l’art les sujets de sa pratique artistique. Formellement, les oeuvres de Philippe Chitarrini, parce qu’elles organisent la rencontre entre de grandes formes modernes et contemporaines, comme la grille, l’empreinte et des silhouettes d’objets ou de personnages de notre société, se situent sur le versant européen du pop art. En réalité, le projet dont elles sont issues les rapproche d’une part d’un art d’attitude, voisin en amont de celui d’Yves Klein ou des affichistes, et, en aval, d’artistes conceptuels comme On Kawara ou encore Douglas Huebler. Les oeuvres que Philippe Chitarrini développe depuis le début des années 2000 - peintures, dessins, sculptures - poursuivent la méthode amorcée dix ans plus tôt lorsqu’il était photographe sportif. Fingerprint studies (commencée en 2002) est une série qui se base sur l’étude d’un motif organique (l’empreinte digitale) récupéré sous la forme d’un jeu auprès d’artistes et de personnes du monde de l’art. En fonction des expositions, des détails du motif sont reproduits à des échelles et des couleurs variées sur des supports de tailles différentes. Parallèlement, Philippe Chitarrini isole une oeuvre ou un détail d’une oeuvre - chevelure d’un autoportrait gravé de Rembrandt, fragment d’un dessin de Mario Merz ou d’un tableau de Pollock, éléments d’une peinture de Cézanne ou de Matisse, poissons de Bruegel... - dont il reproduit la silhouette (aplat ou tramée) en noir ou en couleur sur des supports laissés vierges ou des tissus imprimés. Chaque peinture ou dessin est réalisé en plusieurs exemplaires à la main. Un ensemble d’oeuvres, dessins, sculptures ou photographies, accompagnent cette pratique picturale. Elles forment un contrepoint qui vient encore renforcer la résonance intime que Philippe Chitarrini construit entre art, attitude et existence, en même temps qu’elles sont le fruit d’un procédé équivalent à celui des peintures, dans la mesure où elles procèdent par observation puis par sélection dans le flux des images rencontrées par l’artiste.

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