La sculpture c’est tout simple. Trois plans assemblés, et voilà un volume. Deux plans peuvent suffire pour emprisonner ainsi une partie immense de l’espace. Un seul plan aussi, d’ailleurs. Une simple torsade ou l’amorce d’un angle sur l’un des côtés, tout le volume de la sculpture est déjà là. Et même, une, deux, trois bandes de papier sont suffisantes. Fastoche. Tellement simple que cela peut occuper toute une vie. C’est cette pratique-là qui, depuis plus de quarante ans, est toute la vie de Beppo. Les sculpteurs sont d’une obstination farouche. Trois tôles, deux points de soudure, c’est rien. Mais c’est des années de pratique et de réflexion pour que ça tombe juste. Tomber juste. Ça ne veut pas dire grand chose en soi. Tomber juste c’est quand il n’y a plus rien à ajouter. Quand un point d’équilibre virtuel est atteint. C’est ainsi quel que soit le format ou le volume. Cette notion de justesse, c’est sidérant de voir comment Beppo vous l’exprime. De ses mains solides de sculpteur il dessine une forme dans l’espace avec toute la légèreté fragile d’une dentellière. C’est alors là tout d’un bloc. Absolu. Dans l’apesanteur. Toute la subtilité de la sculpture c’est de faire oublier son poids. La masse est là, intense et dense. Si légère aussi. Dans l’œuvre de Beppo, ses sculptures les plus monumentales sont celles qui sont les plus aériennes. Elles sont dressées sur le fil du temps, à la lisière de l’envol. Ou alors, comme pour ce portique du Lubéron, elles jouent avec le vent et la lumière, superbes odes au passage de l’air.