En étudiant l’histoire de l’art nous constatons qu’elle n’est en fait qu’un conflit permanent sur la question de l’expression de la forme, à la base de tous les styles, et du rapport de force des formes entre elles, à la base de tout processus créatif.

Certains artistes tentent de restituer au plus près les formes dans leurs œuvres afin de rendre crédible et intelligible au plus grand nombre leur mode d’expression ou simplement faire montre de leur savoir-faire. Les impressionnistes, eux, ont cherché à éliminer la forme pour restaurer l’énergie pure de la lumière.

D’autres, au contraire, tel Cézanne pour ne citer que lui, voyaient dans la forme structurée à l’extrême, l’essentiel de l’expression picturale. Par la suite, certains courants de création utiliseront l’équerre et le compas, la géométrie pure, allant même jusqu’à mettre leurs formes en mouvement avec l’art cinétique. L’art abstrait, de son côté, tend à restituer l’aspect brut de la forme pour la placer au cœur de la créa- tion.

L’artiste se permet d’aller au-delà de la réalité visible des formes en les utilisant dans des combinaisons aléatoires et antagonistes. Du rêve à la représentation, la forme est liée à toute perception et l’art en reflète tous les degrés de complexité. Quel est l’apport mental de l’ar- tiste sur la forme qu’il crée et quelle en est la perception de celui qui la regarde ? La même forme appartient au réel et à l’esprit, et se trouve être bien différente selon de quel côté on la perçoit.

La difficulté de perception des formes et du rapport qu’elles entre- tiennent entre elles est la base de toute expression plastique et cher- cher à en démêler le processus créatif est tout le bonheur de celui qui regarde l’œuvre.

Nous espérons que vous aurez autant de bonheur à parcourir cette exposition que nous en avons eu à vous la présenter.